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Excellence, Messieurs les Présidents de la République démocratique du Congo, de la République française,
bonjour et bienvenue à ce point de presse. Monsieur Macron, bienvenue encore une fois en RDC.
Nous allons prendre les questions des journalistes du côté français du et côté congolais. Nous avons deux questions de chaque,
mais avant cela, Monsieur le Président de la RDC, Monsieur Félix Tshisekedi, vous venez de recevoir votre
homologue français pour un tête-à-tête, est-ce qu’on peut savoir quelles sont les conclusions de ces
échanges et qu’est ce qu’on peut dire sur la relation franco-congolaise, où est ce que nous en sommes ?
Merci, madame. Avant toute chose, je voudrais souhaiter la bienvenue au Président de République française, le Président Emmanuel Macron.
Cher Emmanuel, tu nous fais un grand plaisir de venir en ce moment à Kinshasa, capitale du pays où nous sommes
victimes d’une agression injuste et barbare.
C’est dans le malheur, dit-on, qu’on reconnaît les amis et le Président Macron est là pour ça.
Les relations entre la République démocratique du Congo et la République française sont au beau fixe.
Et après la discussion que nous avons eue, le Président Macron et moi, je peux dire que nous avons
tracé les pistes d’une coopération encore plus importante.
Vous savez que le Président Macron a dernièrement esquissé les
grandes lignes de sa nouvelle vision de la politique française en Afrique.
Je l’ai encouragé à ce sujet parce que j’estime que la Françafrique
est dépassée et que si la France veut être, aujourd’hui, en compétition avec tous les autres partenaires de l’Afrique,
elle doit se mettre au diapason, évidemment, de la politique
africaine par rapport évidemment à ce que les peuples africains
veulent et de la manière dont les peuples africains regardent désormais les partenaires
de coopération au développement avec qui ils sont en contact.
Je me suis réjoui d’apprendre de la part du président français que
cette approche est aussi la sienne et je lui laisserai, évidemment, le soin
de préciser cela et j’allais dire que cela va dans le sens, évidemment,
des intérêts de l’Afrique.
Pour ce qui est de ce que j’ai évoqué en entrée en matière, c’est-à-dire cette agression
injuste et barbare, comme vous le savez, il y a eu un mini sommet
à Addis-Abeba récemment, au cours duquel nous avons
désigné [INAUDIBLE] désigné par la
Communauté d’Afrique de l’Est, l’ancien président kényan, Uhuru Kenyatta.
Nous leur avons confié la mission d’approcher les
rebelles, les terroristes du M23 et le processus
est en cours je n’en dirai pas plus. De mon côté, j’ai reçu des émissaires [INAUDIBLE]
Président Macron qui, lui-même, a récemment visité l’Angola et rencontré le président Lourenço,
il peut aussi, s’il le veut, dire ce qu’il en pense. Moi, je reste, comme vous le savez, toujours sur ma position.
Je demande à voir parce que nous ne sommes pas au premier
processus près, les cessez-le-feu, nous les avons déjà décidés depuis
le processus de Nairobi, ensuite, il y a eu celui de l’Ouganda où il y a eu encore un cessez-le-feu, plus un calendrier
qui commençait le 25. Après le cessez-le-feu, il y avait le retrait jusqu’au 15 janvier et puis [INAUDIBLE]
nous donnons la chance à la paix, car comme je vous l’ai dit, ma présidence, elle est destinée plutôt à favoriser la cordiale
entente entre les peuples, à commencer par les peuples des pays voisins.
Donc je ne mettrai jamais d’entraves à tout ce qui peut aller dans le sens de respecter ou de promouvoir plutôt le
processus de paix et de stabilité dans la région.
Pour le reste, nous avons parlé des problèmes d’échanges économiques, des attentes qui sont celles de la RDC
et là, j’ai eu vraiment le plaisir de constater qu’il y a un
engouement certain de la part de la France à vouloir s’engager
aussi dans cette compétition que j’évoquais tout à l’heure
dans le business, dans les affaires, en République démocratique du Congo, dans des partenariats que nous voulons gagnant-gagnant,
que tout le monde s’en sorte heureux et
avec le sentiment d’avoir réalisé des partenariats qui sont satisfaisants.
Nous avons évoqué également le problème des forêts. Il revient d’ailleurs de Libreville où il a participé
au sommet One Forest Summit,
c’est un sommet qui a pris en compte, qui s’est plutôt
attardé sur la forêt, la forêt tropicale,
la forêt du bassin du Congo qui, comme vous le savez aujourd’hui, est le premier poumon de l’humanité et un atout formidable
pour la lutte que nous menons tous contre le réchauffement climatique.
Là aussi, nous avons développé une série d’idées
et nous sommes arrivés aussi à des conclusions de partenariats
importants pour à la fois mettre en avant cet atout considérable
qu’est la forêt, mais également comment, par la transformation sur place,
la transformation locale, nous pouvons créer de la richesse et des emplois, bref, une dynamique économique qui peut être favorable à nos pays.
Là aussi, la France accepte de s’impliquer et de nous suivre, c’est une très bonne chose.
Enfin, les minerais stratégiques, nous les avons évoqués. La France veut faire partie du débat,
ce qui m’a le plus intéressé, c’est ce partenariat
qui va être conclu, je crois, avec la firme française BRGM, qui va nous apporter son savoir-faire et nous accompagner
dans la certification de nos minerais, la cartographie et plus tard, évidemment, ça nous aidera
à pouvoir mieux exploiter ces domaines.
Donc voilà, en bref, ce que nous avons passé comme sujet
et je peux dire en conclusion que la France revient en force en
République démocratique du Congo. Nous espérons simplement que cela n’est pas juste un feu de paille
et que ce sera vraiment un vrai départ à nouveau parce que le
Président a fait d’ailleurs le constat qu’il n’y a pas beaucoup de firmes françaises
en République démocratique du Congo en particulier, mais même aussi en Afrique en général,
et qu’il serait temps que la France redevienne encore plus présente. Ce sera tant mieux pour nos relations,
tant mieux pour les affaires, tant mieux pour l’emploi. Voilà, mesdames et messieurs, ce que je peux dire en substance,
en attendant évidemment les questions des journalistes. Je vous remercie. Merci beaucoup.
Monsieur le Président Macron, c’est votre première visite officielle en République démocratique du Congo, le plus grand pays de la francophonie,
mais vous arrivez quand même un moment assez particulier où il y a une dégradation de la situation sécuritaire dans la partie Est du pays.
Quel serait votre premier message au peuple congolais qui vous suit en ce moment, pour ne pas dire celle de l’Est en particulier ?
Merci beaucoup, madame. Monsieur le Président, cher Félix, Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs
les ministres, mesdames et messieurs les parlementaires, chers amis. D’abord, je veux dire combien je suis heureux d’être aujourd’hui
pour ma première visite, en effet, en République démocratique du Congo, dans cette salle historique pour l’histoire de votre nation,
et après avoir accueilli comme invité d’honneur le Président, en particulier au Forum sur la paix en 2019,
puis retrouvé lors du sommet sur le financement des économies en 2021, il était grand temps que, à mon tour, je vienne.
Alors cette visite est la dernière étape, le point d’orgue en quelque sorte d’une tournée de quatre jours qui
m’a conduit de Libreville à Luanda, puis Brazzaville jusqu’à vous, Kinshasa,
et c’est ici, en effet, que se jouent nombre de combats du siècle, y compris ceux que nous avons portés ces derniers jours,
celui pour la forêt et justement ce trésor du bassin du fleuve Congo.
Alors cette visite, vous l’évoquiez à l’instant, arrive à un moment particulier pour la République démocratique du
Congo et j’en mesure toute la gravité. Elle intervient à un moment, vous l’avez dit,
Président, où une région, un peuple, un pays vit le nouvel acte d’une tragédie qui,
depuis près de 30 ans, ne s’est jamais vraiment éteinte. Des centaines de milliers de Congolais revivent le cauchemar
de la guerre, de la fuite, du dénuement absolu. Une ville, Goma, est à nouveau sous la menace d’une
rébellion qui emprunte des nouveaux acronymes aujourd’hui, le M23, mais dont le visage et les soutiens
extérieurs et l’agenda sont connus. La France ne s’est jamais résignée à une soi-disant fatalité de
l’histoire et à ce que l’horreur de la guerre puisse se répéter
parce que la guerre qui revient, c’est ajouter des morts aux morts et des drames aux drames. Et en disant cela, aujourd’hui, je veux également pleinement
mesurer le poids de l’histoire, les drames qui se sont joués dans votre pays, les crises et guerres précédentes qui nécessitent et nécessiteront
que la justice pour le temps présent et la justice pour les crimes passés puissent passer.
Face à une histoire dont le nombre de victimes équivaut à celui des guerres mondiales que nous avons vécues,
la France ne prétend pas, et je ne prétends pas avoir, seule une solution. La solution est dans un réveil collectif,
dans la prise de conscience qui se joue ici, qui est l’affaire de tous et de toute la région. Et aux crimes et aux tragédies qui se déroule sous nos yeux,
nous ne devons pas ajouter l’oubli et l’abandon.
Alors je souhaite aujourd’hui que la France reste fidèle à son rôle
d’allié indéfectible de la RDC pour défendre son intégrité et sa souveraineté.
La République démocratique du Congo ne doit pas être un butin de guerre, le pillage à ciel ouvert de la République démocratique
du Congo doit cesser. Ni pillage, ni balkanisation, ni guerre.
C’est le sens même de ma présence aujourd’hui, dire à tous qu’il ne peut d’ailleurs y avoir deux poids,
deux mesures entre la tragédie qui se joue en Ukraine sur le territoire européen et celle qui se joue sur le sol africain
et la solidarité ne saurait être à géométrie variable. Et à cet égard, je veux vous saluer,
monsieur le Président, pour la clarté de vos expressions et de vos votes à l’Assemblée générale des Nations unies
quand il s’est agi de condamner l’agression russe et de défendre le droit international, vous méritez la même clarté.
Nous avons, au cours des derniers jours, écouté des acteurs humanitaires congolais internationaux engagés sur le terrain et c’est la première réponse de court terme.
Nous avons entendu leur alarme face au dramatique manque de moyens qui se profile sur le terrain, les situations extrêmes qui sont à nouveau vécues par nombre
de vos compatriotes. C’est pour cette raison que la France sera le premier État à
répondre à l’initiative de l’Union européenne annoncée ce matin même, de mettre en place un pont aérien humanitaire à destination de Goma.
Nous allons débloquer une contribution immédiate de 34 millions d’euros d’aide humanitaire,
laquelle s’ajoutera au montant de près de 50 millions annoncé par l’Union européenne.
Nous nous tenons également à la disposition de l’Union européenne pour fournir des moyens de transport civils ou militaires et
pour procéder à leur acheminement. Je veux ici remercier le commissaire européen Lenarčič
d’avoir amorcé cette solidarité européenne qui se concrétisera dans les jours qui viennent par l’acheminement de plusieurs tonnes
de matériel humanitaire au profit des populations déplacées dans la région de Goma et dans toutes les régions qui ont été affectées par
ces mouvements rebelles et ces groupes terroristes. Le rôle de la France, c’est aussi de tout faire pour
qu’il y ait un chemin vers la paix. Pour cela, chacun doit être à la hauteur
de ses responsabilités. J’ai parlé il y a quelques instants au Secrétaire général des Nations unies, António Guterres,
qui est engagé pour faire jouer aux Nations unies leur rôle indispensable et je l’en remercie,
et donc, ensemble, nous devons travailler, Union européenne, Union africaine, organisations sous régionales, pays de la région et Nations unies,
à ce que chacun apporte sa contribution pour enfin imposer la désescalade et la paix.
À cet égard, je veux ici dire tout notre soutien au processus de l’Ouganda et de Nairobi et suite à la dernière réunion qui s’est
tenue en marge du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, notre soutien à la médiation que vous avez confiée.
J’étais hier avec le président Lourenço, nous avons eu un très long échange sur le sujet et le plan qui est
aujourd’hui sur la table, qui a été agréé par tous, qui est en train d’être mis en œuvre,
j’en suis convaincu, est le bon, à condition, évidemment, qu’à chaque étape il soit respecté et que le chronogramme qui a été
décidé à partir du 28 février soit dûment respecté : cessez-le-feu sur le terrain,
mécanisme de vérification sous supervision angolaise, cantonnement du M23 sur votre sol, processus de désengagement,
désarmement et réinsertion, déploiement de forces régionales, et je veux ici remercier les Kényans,
j’espère que les autres rejoindront, et je veux ici dire que nous serons évidemment mobilisés pour aider au financement et désescalade dans un premier temps,
retour à une paix durable ensuite. Tout cela est ce qui nous a longtemps manqué,
mais tout cela dépend évidemment des pressions politiques, diplomatiques, économiques pour que cela soit respecté.
À cet égard, la discussion que j’ai eue avec le Président, la discussion que nous avons eue, le président Lourenço,
la discussion que j’ai eue ce matin avec le président, cher Félix, et l’échange que j’ai eu,
que j’ai pu avoir avec le président Kagame m’a démontré une chose, tous m’ont apporté un soutien clair
au cessez-le-feu pour mardi prochain, qui est prévu dans le chronogramme, sur lequel se sont engagés aussi les représentants du M23 qui sont
allés voir le président Lourenço, nous verrons maintenant si chacun respecte la parole donnée.
Mais si je dois retenir un seul motif d’optimisme, c’est que tous mes interlocuteurs adhèrent à ce plan porté
par l’Angola, le Kenya, le Burundi, et je salue, cher Félix, le courage qui est le vôtre de
donner une chance à ce plan et à la paix avec une exigence légitime,
c’est que tous ceux qui s’y engage respectent la parole donnée, les rendez-vous, les dates et l’effectivité
des choix pris, des promesses tenues. Il nous revient d’être collectivement à vos côtés pour
faire la démonstration que ce choix est le bon. Ceux qui s’en éloigneront auront une responsabilité écrasante
et s’exposeront à la sanction de l’histoire. Et dans une région où la France a su regarder en face son propre passé,
nous savons combien ce poids de la sanction de l’histoire peut être accablant. Je le disais en ouverture de mon propos,
cette visite en un moment de gravité est aussi une visite d’amitié, d’espoir et le Président l’a évoqué à l’instant.
Et c’est un espoir légitime parce que vous êtes un grand pays et nos deux pays ont en quelque sorte en commun aussi de voir grand
et pour transposer un mot célèbre du général de Gaulle : “ le Congo ne peut être le Congo
sans la grandeur “ et donc aucun pays d’Afrique n’est plus doté que le vôtre de richesses de toutes sortes et une
capacité à saisir un destin d’exception. C’est pourquoi nous souhaitons bâtir un partenariat nouveau
sur plusieurs axes. D’abord, vous aider à la pleine souveraineté sur le plan sécuritaire et militaire.
Nous sommes déjà les premiers partenaires en termes de formation militaire de la RDC.
Nous souhaitons faire davantage parce que la condition pour qu’il y ait dans la durée la fin des pillages,
la fin du risque de balkanisation que j’ai évoqué, c’est qu’il y ait le retour de l’État régalien et des conditions
de cet État régalien partout sur le territoire. Nous souhaitons être des partenaires dans la durée de ce travail.
Formation, équipement, capacité à être à vos côtés, ça correspond au nouveau partenariat qui est le nôtre.
Deuxièmement, c’est sur le terrain économique, vous l’avez dit. Nous allons, cet après-midi, dans une conférence économique,
illustrer ce que je disais lundi. Nous répondons aux demandes qui sont les vôtres,
on ne vient pas plaquer des solutions, on vient avec des entreprises de toutes tailles, de tous ordres et beaucoup d’entreprises nouvelles.
Nous assumons d’être là, y compris pour défendre nos intérêts économiques et on le fait en amenant avec nous toutes les compétences et y compris les Européens,
et je me félicite que deux commissaires européens seront à nos côtés cet après-midi Ce n’est pas simplement la France,
mais la France et l’Europe sur la base d’un partenariat équilibré et respectueux et des services urbains si importants pour vous,
on l’évoquait ensemble, du numérique jusqu’au domaine minier où nous souhaitons travailler avec vous pour bâtir un
cadre de confiance qui permettra une exploitation au service des Congolais dans les meilleures conditions scientifiques,
permettant justement la coopération et notre expertise. C’est, je crois, la clé de ce partenariat
économique qui nous permettra aussi de faire mieux parce que l’Afrique est un théâtre de compétition.
Il faut que cette compétition se fasse dans un cadre loyal, qui serve les intérêts des populations,
qui aide à lutter contre la corruption, mais où nous avons notre place à jouer, ni plus ni moins.
Ensuite, après le sécuritaire et l’économique, c’est la science et la recherche. J’aurai, cet après-midi, l’occasion et l’honneur d’être
reçus par le professeur Muyembe, découvreur du virus Ebola, dans ce fleuron de la recherche scientifique congolaise et
africaine qui est l’Institut national de recherche biomédicale. Je veux ici d’ailleurs rappeler combien la France a été engagée
dans cette lutte contre le virus Ebola avec les meilleures équipes de l’Inserm de plusieurs de nos laboratoires,
combien nos chercheurs, nos épidémiologistes sont venus. Il y avait eu cette mission confiée il y a quelques années,
ici même, et je veux saluer cette coopération, mais l’INRB dans le séquençage des virus les plus dangereux,
dans la lutte contre la pandémie de covid-19, dans la formation d’étudiants venus de toute l’Afrique,
prouve tout ce qu’on peut accomplir quand notre coopération se donne les moyens.
Et sur ce modèle qui est un fleuron de la coopération franco-congolaise, je souhaite qu’on aille beaucoup plus loin et la ministre de
l’Enseignement supérieur et de la recherche pourra illustrer cette volonté dans de nombreux domaines
d’échange scientifique et universitaire. Je souhaite aussi que nous puissions le faire dans les domaines de climat et de biodiversité autour de la
question des forêts, si importantes et que vous avez évoquées. Enfin, voir les choses en grand, c’est le voir aussi pour
la culture congolaise. C’est votre puissance, il faut l’exercer, c’est votre intérêt, c’est le nôtre d’avoir en Afrique
et dans le monde, si je puis dire, l’équivalent d’un Nigéria francophone. Les créateurs et entrepreneurs qui nous accompagnent avec les
ministres amènent avec eux, outre un immense intérêt pour leurs homologues congolais, tous les outils et les réseaux
pour l’aider à se développer dans nombre de domaines nouveaux : jeux vidéo, séries télévisées, bande dessinée,
e-sport, univers virtuels. De nombreux domaines où la créativité, le génie congolais a sa place à jouer, sa vocation et
qui sont des moyens d’expression, de partage pour nos jeunesses, des moyens aussi de création, de développement de nos industries
culturelles et créatives extrêmement importants. Et dans ce cadre, je veux ici dire combien, à mes yeux,
la langue française n’est pas simplement un trait d’union, mais un trésor en partage dont vous êtes devenu le centre de gravité.
Plusieurs présidents de la République sont venus avant moi ici pour parler de francophonie
et lorsque François Mitterrand s’est rendu à Kinshasa en 1984 pour parler de francophonie, il la défendait ici,
la France était deux fois plus peuplée que votre pays. Je viens ici devant vous, en vous parlant de francophonie
et en assumant totalement que vous êtes le premier pays francophone par votre démographie.
C’est une force, une fierté, mais dont il faut tirer toutes les conséquences. C’est une communauté de langues,
de valeurs, de solidarité, de progrès, d’exigence. C’est aussi une communauté de création, de dynamisme
et je suis convaincu que la vocation qui est celle de la
République démocratique du Congo, est de prendre toute cette place, la première, dans la francophonie
de demain et je souhaite qu’ensemble on puisse bâtir les prochains rendez-vous et, en particulier,
des annonces fortes lors du Sommet de la Francophonie que nous aurons à organiser en France en 2024. Merci beaucoup.
Merci, Monsieur le Président. Nous avons donc passé [INAUDIBLE]
Alors nous allons commencer par Michel Kifinda de Radio Okapi qui a une question, je pense, sur les aspects sécuritaires.
Michel Kifinda, vous avez le micro. Merci. Je suis Michel Kifinda Ngoy de Radio Okapi.
Ma question va s’adresser à Monsieur le Président Emmanuel Macron. Monsieur le Président, la mémoire congolaise retient
d’une façon fraîche que la France a joué un rôle pertinent dans le
génocide rwandais et surtout dans l’entrée des FDLR en RDC
avec l’opération Turquoise, vous vous rappelez, il y a eu un couloir humanitaire. On a fait entrer des militaires avec armes et munitions malgré
l’opposition de l’autorité congolaise. Aujourd’hui, la RDC a enregistré plus de 10 millions de morts,
on est victime de notre solidarité. Comment la France compte-t-elle résoudre,
personnellement, puisque vous étiez là et c’est vous qui avez fait entrer ces militaires
ces problèmes, cette problématique de la sécurité dans l’Est, et comment comptez-vous réparer le
préjudice causé à la population congolaise ? Ça, c’est le premier aspect de ma question.
Le deuxième aspect de ma question, Monsieur le Président, puisque tous les rapports des experts des Nations unies,
Amnesty International et autres attestent de la thèse d’une agression rwandaise sous
couvert du M23, nous constatons que la France n’est pas assez chaude à
condamner le Rwanda, à demander des sanctions puisque vous siégez au Conseil de sécurité
des Nations unies, mais vous le faites avec agressivité contre la Russie.
Pourquoi cette léthargie du côté congolaise, du côté congolais, pardon ? Vous sentez-vous plus coupable de la mort de 800 000 Rwandais plutôt
que de 10 millions de Congolais ? Qui plus est, vous avez même donné 20 millions de dollars au Rwanda,
pays agresseur à la RDC. La RDC peut elle toujours continuer à considérer la France
comme un pays ami ? Merci, Monsieur le Président. Merci Michel. Merci pour vos questions.
J’ai dit dans mon propos introductif et je vous le redis avec beaucoup de clarté,
que la France était l’alliée de la RDC et continuera de l’être. J’ai dit avec beaucoup de clarté comment nous voyons la situation
aujourd’hui, condamnant toute forme de pillage, de balkanisation, de menace de la souveraineté de votre pays.
Je suis prêt à ouvrir tous les dossiers de l’histoire. Je l’ai fait avec le Rwanda.
Si c’est le souhait du Président Tshisekedi, je suis totalement favorable à ce qu’il y ait une commission d’historiens qui puisse assigner les responsabilités aux uns et aux autres.
Vous avez rappelé une page sombre de l’histoire de la région, la France a assumé d’ouvrir tous ces livres et de la faire écrire
par des historiens de manière totalement indépendante. Je pense que vous avez fait un raccourci qui,
lui, n’a rien d’historique ni de juste entre le rôle qu’a pu jouer la France et la situation
dramatique que j’évoquais, et la guerre, la deuxième guerre, avec les millions de morts dans votre pays dont je rappelais la gravité.
Donc je récuse le raccourci que vous avez fait et la responsabilité qu’on pourrait assigner à la France parce que
je suis pour la vérité, mais toute la vérité, je ne suis pas pour prendre tous les fardeaux, j’essaie de prendre les miens et c’est déjà bien.
Donc oui pour une commission d’historiens, pour faire ce travail, s’il vous semble utile,
s’il semble utile au président et donner les faits. Ensuite, soyons clairs, quelle est la situation depuis 1994 ?
Plusieurs pays de la sous-région, il n’y en a pas qu’un, plusieurs, sont rentrés dans votre pays et plusieurs groupes rebelles
y ont prospéré, captant d’ailleurs beaucoup de richesses minières, économiques qui devraient
revenir à votre peuple. Et depuis 1994, ce n’est pas la faute de la France, pardon de le dire dans des termes aussi crus,
vous n’avez pas été capables de restaurer la souveraineté ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative de votre pays,
c’est aussi une réalité, il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur de cette affaire.
Et on en est dans cette situation qui a conduit à des drames absolus, à cette deuxième guerre, à des millions de morts,
qu’on ne doit pas oublier, à la nécessité aussi, ce qui est une responsabilité qui doit se faire ici,
ce n’est pas à la France ou d’autres de le faire, de mettre en place une vraie justice, une justice transitionnelle qui est la clé pour que celles
et ceux qui, parfois, ont tué soient jugés et parfois ils évoluent encore, ils sont là, ils sont encore avec des responsabilités.
Comment voulez-vous qu’il y ait une paix durable et de la confiance dans un pays quand la justice n’est pas passée ? Ne demandez pas, n’accusez pas la France pour
quelque chose qui dépend de vous, là, c’est une réalité aussi. Mais très clairement,
cette situation, depuis 30 ans, a pris un tour inacceptable. Voilà, oui pour faire la vérité sur l’histoire,
non pour prendre tous les fardeaux, et si on est clair, soyons clairs jusqu’au bout et assignons toutes les responsabilités,
y compris les responsabilités congolaises, y compris les responsabilités de la sous-région. Bâtissez une armée solide, construisez la sécurité et le
retour de l’État partout sur le territoire, faites passer la justice transitionnelle pour que vous n’ayez pas des coupables et des criminels de guerre encore en
responsabilité ou sur le terrain, soyez intraitable avec tous les voisins de la région quand ils viennent vous piller et nous serons à vos côtés.
Je ne peux pas être plus clair sur ce sujet. La clé dans la durée, on l’évoquait avec le Président Tshisekedi, c’est très clairement d’avoir la
capacité de tenir tout le territoire et un discours de vérité avec toute la sous-région parce qu’on ne peut pas rester sur un modèle économique qui consiste à ce que des ressources soient
prises ici pour permettre en quelque sorte la stabilité économique de voisins.
À ça s’ajoute un devoir aussi qui est de répondre à la menace terroriste, je l’évoquais tout à l’heure rapidement,
les ADF sont des groupes qui n’ont pas de proxies régionaux, ce sont des groupes terroristes sur notre sol qui menacent la
stabilité et qui peuvent s’étendre, on l’a vu dans d’autres régions africaines, avec des conséquences terribles.
Et ces mouvements terroristes islamistes, il faut aussi les combattre, c’est une question de sécurité nationale.
Ensuite, pour ce qui est du M23 et des sanctions, j’ai toujours été très clair et la France a constamment condamné le
M23 et tous ceux qui le soutiennent, et je suis ici pour que chacun prenne ses responsabilités,
y compris le Rwanda. Aujourd’hui, la région assume ses responsabilités en mettant un plan
de désescalade sur la table. Il est à ses premiers pas, d’abord, il marque une convergence entre des mécanismes qui étaient
séparés jusqu’alors, ensuite, il commence à fonctionner, en tout cas, je le regarde avec beaucoup d’estime,
d’amitié si je puis dire, et de soutien. Et nous sommes d’accord, y compris avec le Président
Tshisekedi, pour appliquer ce plan et donner une chance à la paix. Donc nous avons une opportunité de résoudre,
je l’espère, la question du M23. Nous avons aussi l’opportunité de traiter, ce faisant, si ce plan avec son chronogramme,
sont appliqués enfin, la question des FDLR.
Donc je vais être très clair, ce n’est pas aujourd’hui qu’on doit tout bousculer. Aujourd’hui, il faut donner une chance à ce plan,
à la médiation angolaise, à l’engagement des uns et des autres résultats, mais je le sais, je serai tout aussi clair,
ceux qui feront obstacle à ce plan, et on le verra sur le terrain puisque dans le cadre de la médiation,
il y a un mécanisme de vérification sous pilotage angolais qui pourra dire qui respecte,
qui ne le respecte pas avec des observateurs indépendants, ceux qui feront obstacle à ce plan
savent à quoi ils s’exposent, y compris à des sanctions.
Merci. Alors nous avons Madame Leroux Valérie, de l’Agence France Presse, AFP.
Oui, ma première question s’adresse à Monsieur le Président Tshisekedi.
Êtes-vous satisfait des annonces qui ont été formulées par votre homologue français et considérez vous que la France a clarifié sa
position sur la situation dans l’Est du pays comme les Congolais le réclamaient ?
La deuxième question est pour Monsieur le Président Macron, vous arrivez ou vous êtes aujourd’hui à Kinshasa,
dans un pays qui se prépare à une échéance électorale importante à la fin de l’année,
craignez-vous, comme un de vos ministre des Affaires étrangères a pu le formuler dans le passé, qu’il y ait de nouveaux compromis
à l’africaine pour la prochaine élection à venir, comme cela avait été formulé lors de l’annonce de la victoire
de Monsieur Tshisekedi ? Et toute petite question supplémentaire,
Monsieur Macron, vous avez beaucoup insisté, durant votre tournée, sur la fin de la Centrafrique,
de la Françafrique, pardon, excusez-moi. Votre visite hier à Brazzaville et les images du président français
aux côtés de son homologue Sassou-Nguesso ont été interprétées par beaucoup comme une forme de reliquat du passé.
Est-ce que, à ce jour, on peut dire que la réalité impose
peut être de maintenir, de garder certaines pratiques du passé ?
Merci, madame. Les annonces du président français, bien évidemment,
sont satisfaisantes, mais c’est encore sur le plan théorique,
il faut attendre de voir la pratique. Nous remercions la France et l’Europe pour ce soutien combien
important à apporter aux déplacés de guerre, à nos compatriotes déplacés de guerre,
mais là, je dois préciser que j’avais fait une proposition pour accompagner cette aide à ces déplacés,
je l’ai faite tout à l’heure au Président Macron, c’est celle de d’apporter plutôt une aide au retour et non pas une
aide à demeurer dans les conditions infra-humaines que ces
déplacés de guerre vivent en ce moment. L’aide au retour aura l’avantage à la fois de ramener,
évidemment, ces déplacés dans leur lieu de résidence habituelle,
mais aussi de mettre la pression sur le processus de paix, l’exécution du processus de paix,
c’est à dire cessez-le-feu et retrait parce qu’au moment où les populations feront mouvement vers leur localité d’origine,
les terroristes du M23 devront quitter ces lieux. Et enfin, chose importante, ça donnera la possibilité cette
fois-ci à la Commission électorale nationale indépendante de déployer ces machines et d’ouvrir ces bureaux pour enregistrer les
électeurs parce qu’en ce moment, je vous le rappelle, nous sommes déjà en phase du processus électoral
les électeurs sont en train d’être enrôlés, c’est déjà fait dans la partie Ouest du pays,
actuellement, nous sommes dans la partie Centre et la partie Est. Le seul problème reste au niveau des zones de troubles
où nous avons besoin que l’ordre revienne ainsi que la stabilité afin de pouvoir continuer avec le processus électoral
sinon, nous risquons d’avoir un retard considérable qui impactera
sur la date prévue par le calendrier.
Pour le reste, c’est comme je l’ai dit, je demande à voir, surtout au niveau des sanctions
parce que je reste dubitatif quant à la bonne foi de ceux qui nous ont agressés.
Il n’y avait aucune raison, je le rappelle, qui justifiait cette agression, si ce n’est des raisons
économiques, mais propres au Rwanda, instigateur de cette agression,
maintenant, la question est de savoir est-ce que le Rwanda peut se passer de ce pillage systématique de la République
démocratique du Congo qui date maintenant d’une vingtaine d’années ? Et si c’est le cas, ça se vérifiera à travers ce processus.
Et si ce n’est pas le cas, c’est là que je vérifierai les propos et les engagements du Président Macron par rapport aux
sanctions à prendre contre le Rwanda, et ça, il faut le préciser. Je vous remercie.
La question qui était adressée au Président Macron. Alors, je vais d’abord peut être dire très clairement que j’ai
expliqué la position de la France, nous avons pris des engagements humanitaires et politiques très clairs, y compris d’ailleurs sécuritaires,
mais ce n’est pas la France qui apportera la solution et je le dis ici avec beaucoup de clarté et d’humilité,
et je pense que c’est à la fois l’honnêteté et c’est la condition pour pouvoir être heureux
parce que si on attend trop de quelqu’un ou si on arrive là en donnant le sentiment qu’on pourrait résoudre tous les problèmes, on finit tous malheureux, ce n’est pas vrai.
Bon, ensuite, je l’ai dit au président, moi, je soutiens le processus,
je fais confiance aussi à l’engagement du président Lourenço et j’espère en quelque sorte ne pas avoir à aller jusqu’aux
sanctions parce que ça voudrait dire que le chemin aura été respecté et je pense que tous ici dans cette salle,
c’est ce que vous préférez, parce que c’est ça qui permet d’éviter la guerre et de recouvrer une situation de stabilité.
Enfin, sur les questions humanitaires, je voudrais distinguer deux choses. Il y a le pont humanitaire qu’on a décidé qu’on va financer de court
terme et il faut le faire parce que c’est livrer du matériel médical, de quoi se nourrir dans les situations d’urgence et ensuite il
y a la question de réfugiés et de déplacés et je souscris à ce qui a été dit par le Président et nous accompagnerons ce mouvement sur le
retour de ces populations vers des lieux qui auront été libérés par les M23 et puis le Président m’n a aussi parlé d’autres
camps de réfugiés, cette fois-ci côté rwandais. Sur ce qui est des élections à venir,
il y a un calendrier, il y a un engagement. La France a toujours été très claire,
c’est-à-dire là aussi, je pense que si on veut que les choses marchent, il faut partir avec de la
confiance et se donner les moyens de la confiance et donc il y a un processus loyal qui est une commission nationale
indépendante qui suive le processus avec des personnalités incontestables d’un point de vue politique et neutres,
et qu’il y ait des systèmes d’enregistrement et d’organisation
du vote qui soient au meilleur standard et qu’il y ait des observateurs régionaux, internationaux déployés partout,
avec peut-être d’ailleurs une association des communautés religieuses pour que, de manière très locale, il puisse y avoir des observations
dans chaque bureau de vote et qu’il y ait un processus de confiance qui soit mis en place. Donc, moi, j’ai confiance en cela,
je sais combien le président Tshisekedi, qui est le fruit d’une alternance politique,
est attaché à la clarté démocratique, il y a aucune raison pour que les choses ne se passent pas dans les
meilleures conditions et le rôle de la communauté internationale, c’est d’y aider en fournissant les moyens, la bonne organisation et le reste.
Pour ce qui est de la Françafrique dont vous avez parlé et de la fin de la Françafrique et du fait qu’il n’y ait plus
de Françafrique, je ne suis pas sûr qu’on soit dans le meilleur pays pour en parler, ce n’est pas une façon
de nous défausser, mais c’est une réalité là aussi,
mais qu’est-ce que cela veut dire ? Ça veut dire qu’on assume tout et qu’on part d’un nouveau pas.
Le président Sassou-Nguesso est président depuis longtemps dans son pays. Bon, ce n’est pas le choix de la France,
ça fait quatorze ans qu’il n’y avait pas eu un président français qui était là-bas et c’est normal que ce ne soit pas le choix de la France
parce qu’il se trouve qu’il n’est pas président français. Donc quand on va au Congo-Brazzaville parce qu’il ne
faut humilier personne quand on fait une tournée régionale, ça ne me choque pas particulièrement que le président français rencontre le président du Congo, voilà.
Alors après, la question c’est qu’est-ce qu’on lui dit ? Ce n’est pas pour lui servir la soupe. Et donc j’ai tenu un discours cohérent avec ce que je
vous disais lundi, qui est celui de bâtir des nouveaux partenariats, une politique pour le climat et la forêt qui correspond à nos
ambitions et l’application de ce qu’on a lancé à Libreville, une politique culturelle nouvelle, en défendant justement les artistes,
y compris les plus insolents et les plus innovants, des nouveaux partenariats en matière économique pour les
petites et moyennes entreprises, pour faire davantage là-bas et améliorer le cadre d’affaires,
ce que je lui ai demandé parce qu’il n’est pas bon aujourd’hui. Donc, c’est une politique exigeante, sincère, d’avenir, voilà.
Mais si on se met en quelque sorte dans une situation qui consiste à dire “ partout où il y a des dirigeants qui ne sont pas élus
aux meilleurs standards démocratiques, ou ceux qui nous plaisent ou qui sont là depuis trop longtemps, il n’y a plus de déploiement de la France de partenariat „,
vous serez les premiers à m’expliquer le lendemain. Il n’y a plus de politiques de la France du tout et qu’il n’y a plus de présence de la France.
Donc on fait avec les dirigeants qui sont là avec respect, donc il y a du respect,
on en doit à la fois au président Sassou Nguesso et à son peuple, on le fait en constatant nos accords et nos désaccords et en
essayant de bâtir une politique d’avenir et en disant ce qui ne va pas quand ça va pas, ce que j’ai fait hier, donc je pense que c’est cohérent,
mais c’est exigeant. C’est le fruit, c’est le propre exactement de ce que nous sommes en train de faire
avec le continent africain, je pense qu’il le mérite parce que c’est un immense continent d’avenir avec lequel on a une histoire plurielle,
si je puis utiliser ce terme, multiple, mais qui est un continent que j’aime.
Merci beaucoup. Monsieur le Président, vous avez une réaction par rapport à la question qui a été posée ? Oui, je voulais réagir par rapport à cette question sur
le compromis à l’africaine. Enfin, ce petit commentaire, pour dire que voyez-vous madame,
c’est justement ça qui doit changer dans nos rapports avec
la France en particulier, mais l’Europe en général, l’Occident, votre façon de voir les choses lorsqu’elles se passent en Afrique.
Quand il y a des irrégularités aux élections américaines,
on ne parle pas de compromis à l’américaine. Lorsqu’en France, il y a plusieurs années maintenant,
lors des années Chirac, il y a eu un scandale sur des électeurs décédés qu’on a fait voter,
on ne parlait pas de compromis à la française. Je crois qu’il doit y avoir du respect dans la considération que
nous avons les uns envers les autres. Nous n’avons aucunement l’intention de galvauder l’opinion
de nos électeurs. Le processus électoral est entamé,
nous avons tiré suffisamment la sonnette d’alarme pour dire que
s’il y a un risque de dérapage, ce n’est pas à cause des autorités
du pays ni des responsables de la CENI, c’est simplement dû au fait que nous sommes un pays agressé
par le Rwanda. L’agression à laquelle, d’ailleurs, a fait suite un déplacement massif de populations,
d’électeurs qui pouvaient être en ce moment en train d’être enrôlés,
mais qui, malheureusement, ne peuvent pas à cause du fait qu’ils sont loin de leur base.
Et à cause de cela, nous risquons de prendre du retard dans l’enrôlement, et s’il y a un retard dans l’enrôlement,
il y aura un retard dans le vote de la loi sur la répartition
des sièges, parce que c’est très important, c’est en juin qu’elle doit intervenir pour que nous puissions
ensuite aller sur un processus électoral crédible.
Sans cela, jusqu’à ce stade, je ne sais pas comment nous allons nous y prendre. Est-ce qu’il faut stopper le processus d’enrôlement des
électeurs en attendant que la paix revienne avec le risque que cela impacte sur le respect du calendrier
ou faut-il continuer le processus en ne prenant pas en compte les populations nombreuses de déplacés de guerre ?
C’est ça qui peut poser problème. Et si demain nous allons aux élections dans des conditions
difficiles, vous parlerez de compromis à l’africaine alors qu’aujourd’hui ces mêmes Africains sont en train d’attirer votre attention
sur cette ignoble et injuste agression due au fait du Rwanda et
demandons même des sanctions, personne n’en parle. Voilà ce que je voulais apporter comme précision pour
dire que ça aussi, ça doit changer dans la manière de coopérer avec la France et l’Europe.
Regardez-nous autrement, en nous respectant, en nous considérant comme de vrais partenaires et non pas toujours
avec un regard paternaliste, avec l’idée de toujours savoir ce qu’il faut pour nous et non pas pour eux.
Voilà, merci. Je pense que le Président Macron [INAUDIBLE]. Oui, malgré les vivats,
si le Président Tshisekedi m’y autorise, je voudrais apporter un commentaire au commentaire.
Je m’explique : d’abord, je pense que c’est très bien parce qu’on lève beaucoup de
malentendus à travers ce jeu de ping-pong. D’abord, je veux que vous sachiez que quand il y a des problèmes
électoraux aux États-Unis d’Amérique ou en France, la presse française en parle, elle les dénonce,
elle l’explique, elle s’en saisit et elle en parle de manière aussi intraitable qu’elle le fait quand elle parle de vous.
Donc, il n’y a pas de double standardc ce qui serait inquiétant, c’est si la presse française n’en parlait pas pour vous, mais elle en parle
aussi pour nous. Mais elle ne parle pas de compromis. Non, mais elle parle de tout, elle parle de malversations quand il y en a,
elle parle beaucoup plus, elle va beaucoup plus loin, il n’y a pas de sujet. Elle essaie de dire la vérité, c’est le travail d’une presse indépendante.
Et donc il ne faut pas être choqué que la presse, quand elle a écho, quand elle entend des oppositions
qui disent qu’il y a des problèmes, vous pose la question. Ce serait un double standard si elle disait on est en Afrique, donc on ne pose même pas la question,
ce n’est pas un sujet. Non, elle pose des questions, mais elle le fait aussi chez nous, chez nous.
Et il se trouve que chez nous, quand il y a des malversations politiques, je voudrais pas que des malentendus s’installent, y compris quand on fait référence
au président Chirac, il y a des procès qui sont faits et les gens sont condamnés parce qu’il y a une justice indépendante.
Donc il y a une presse indépendante et une justice indépendante. Ça crée une démocratie qui est parfois vibrante,
alors je ne dis pas, on se fait attaquer, mais c’est très bien, ça permet les alternances démocratiques et ça permet de bâtir par cette maïeutique
une vérité, ça, c’est la première chose. Ne croyez pas qu’il y a un double standard, ce n’est pas vrai. Ne croyez pas que ce soit de l’irrespect,
ce n’est pas vrai parce que les journalistes Français, Européens ou Américains posent les mêmes questions à leurs
dirigeants chez eux. La deuxième chose, et ça me permet d’insister parce que le président a parlé de la France en répondant à la question.
Quand un ou une journaliste Français se pose une question, ce n’est pas le gouvernement de la France et c’est bien comme ça,
mais il ne faut pas tout confondre. Non, mais ce n’est pas une position de la France.
Je faisais allusion… Il n’y a plus, il y a eu. Je faisais allusion aux propos de Le Drian,
lui, il est officiel français, oui, mais le compromis à l’africaine, c’est Le Drian, ce n’est pas la journaliste. C’est exact, mais ce compromis,
mais cette formule, Président, on sait d’où elle est sortie et on sait le contexte électoral.
Non, mais on sait le contexte et il n’y avait pas de caractère de mépris dans la formule de Jean-Yves Le Drian.
Si, à Nairobi, d’ailleurs, grâce à toi, on a pu s’expliquer avec lui. Et la France a beaucoup œuvré,
vous le savez ô combien, pour qu’il y ait alors une alternance qui n’aurait pas été à ce moment-là un mécanisme spontané.
Je ferme cette parenthèse, mais je voulais faire cette précision, pardon. Merci. Très bel échange.
Alors je pense qu’on va peut-être [INAUDIBLE] réponses, il nous en reste deux. Alors, messieurs les journalistes, vous me posez votre question si
elle n’a pas encore été posée ou s’il n’y a pas eu de réponse apportée. Alors on va prendre une autre question congolaise.
Monsieur Patient Ligodi d’ACTUALITE.CD. Venez par-là. Merci. Merci beaucoup au Président Emmanuel Macron.
Je suis désolé de revenir là-dessus. En décembre dernier, la secrétaire d’État, Chrysoula Zacharopoulou, a ouvertement condamné,
au nom de la France, le soutien apporté par le Rwanda au M23. Trois mois plus tard, qu’est-ce qui fait qu’au plus haut niveau, vous n’arrivez toujours pas à le faire ?
Pourquoi la langue lourde sur cette question ? Monsieur le Président, pourquoi le mot “ agression “ est
considéré comme un mot tabou ? Votre homologue juste à vos côtés l’a prononcé six fois, j’ai compté.
Pourquoi avez-vous du mal à nommer l’agression rwandaise alors que tous les rapports indépendants le disent et le prouvent ?
Vous avez tout à l’heure parlé des discours de vérité, alors le peuple congolais voudrait également entendre cette
vérité de votre bouche, l’agression rwandaise. Au présidentTshisekedi, Excellence, n’avez-vous pas l’impression d’être pris au piège
par l’EAC et tous ces processus ? Trois calendriers de retrait, toujours rien.
Comment sortir de ce piège alors que le mandat offensif de la force régionale est bien clair ? Merci.
Tu commences peut-être, [INAUDIBLE] Être pris au piège, je ne pense pas.
D’abord, lorsque la République démocratique du Congo a décidé
d’adhérer à l’EAC, ce n’était pas pour des problèmes sécuritaires, au contraire, c’était pour des
problèmes d’avantages douaniers. Je vous rappelle ici que la majeure partie de nos compatriotes
vivant à l’Est, les opérateurs économiques,
j’entends, et même bien d’autres dans d’autres secteurs, travaillent souvent avec les pays d’Afrique de l’Est.
Et lorsqu’il y a importation de denrées de tout genre,
c’est par les ports de Mombasa et de Dar es Salaam principalement que cela vient.
Et donc nos opérateurs économiques n’étaient pas dans les mêmes conditions de concurrence que leurs
homologues des pays voisins, et ça avait un impact négatif pour notre économie, parce qu’ils étaient obligés,
à ce moment-là, de migrer vers ces pays, de vivre là-bas et donc de faire gagner plus de ressources à ces
pays-là qu’à la République démocratique du Congo, donc, ça, ce n’est que pour l’aspect économique, il y en a bien d’autres qui ont milité à ce que nous prenions la
décision d’adhérer à cette communauté. Et puis, vu la taille de la République démocratique du Congo
qui se situe au centre de l’Afrique, ça aurait été une opportunité formidable,
surtout en ce qui concerne aujourd’hui la zone de libre-échange continentale, l’intégration de l’Afrique,
ça aurait été une opportunité formidable d’adhérer, et ça l’est, c’est une opportunité formidable parce que ça nous permet d’être au
cœur de tout ces échanges entre l’océan Indien et l’océan Pacifique.
Donc il faut regarder notre adhésion à la communauté d’Afrique de l’Est de cette manière-là.
Malheureusement, entre temps, par accident ou par velléité hégémoniste ou de pillage de nos ressources,
le Rwanda nous fait la guerre, mais cela ne doit pas remettre en cause toute la raison
d’être de notre adhésion dans cette communauté.
Alors maintenant, lorsque vous me parlez de piège, je ne suis pas d’accord avec ça,
parce que d’abord les forces kényanes se sont déployées comme
elles s’étaient engagées de le faire, c’est le cas aujourd’hui. La difficulté, et j’en conviens avec vous lorsque vous parlez de
sorte d’attitude bizarre de la part de la communauté de
l’Afrique de l’Est, la difficulté aujourd’hui, c’est de passer à la contrainte, comme ça avait été le cas.
Mais vous savez, la contrainte, c’est la guerre. La guerre, on sait quand on la commence,
on ne sait pas quand on la termine. Vous avez plusieurs exemples dans le monde aujourd’hui et je crois
que ces pays veulent donner la chance à la paix, mais alors jusqu’au bout.
Et c’est notre cas aussi, nous, République démocratique du Congo, qui sommes les plus concernés par cette agression
parce qu’à cause de cette agression, nous sommes obligés aujourd’hui de consacrer nos ressources à
renforcer les capacités de notre armée, alors qu’on pouvait continuer avec notre programme de développement
local des 145 territoires, avec le financement de la gratuité de l’enseignement,
avec le financement de la gratuité et de la couverture santé universelle. Donc voilà, je peux continuer comme ça des tas de projets sur
lesquels nous étions engagés et que nous sommes maintenant obligés d’arrêter parce qu’il faut se consacrer à la sécurisation de
nos populations et de notre territoire. Et donc c’est d’abord l’affaire des Congolais avant d’être
celle de nos voisins. Nos voisins viennent en aide à ce que nous recouvrions la paix
et j’espère qu’ils auront raison. Ils veulent donner une chance à la paix,
c’est normal parce qu’ils pensent qu’engager des ressources à vouloir faire la guerre, c’est des dépenses,
beaucoup de dépenses et même au bout du compte, on n’est pas sûr du résultat. Donc donnons d’abord une chance à la paix et je suis d’accord avec
ces pays voisins et ensuite nous verrons, mais comme je l’ai dit, moi je reste vigilant,
presque dubitatif, compte tenu de ce que je sais des velléités rwandaises et compte tenu de ce que je sais de leurs
engagements pris jusqu’ici, qui n’ont jamais d’ailleurs été respectés, voilà.
Pour ce qui est de votre question, j’ai été très clair sur la condamnation du M23 et de tous
ceux qui le soutiennent, y compris le Rwanda, bien sûr. Donc, je ne peux pas être plus clair que ça.
Après, ce n’est pas une question de dénonciation, je l’ai fait, nous l’avons fait depuis des mois.
Parler d’agression, on l’a fait par des groupes, des groupes qui sont d’ailleurs des groupes incluant aussi des Congolais, vous le savez comme moi.
Donc ce n’est pas une agression d’une puissance extérieure, ils sont soutenus par plusieurs puissances extérieures dans une logique de prédation,
mais ces groupes ont aussi des ressortissants qui sont de votre pays, c’est une réalité.
Donc je l’ai condamné et on peut parler tout à fait d’agression, je n’ai aucun problème, de tous ces groupes,
y compris des ADF et autres, et la France est un soutien et un allié de la RDC contre
à la fois ces pillages, cette volonté de balkanisation. La question qu’il y a derrière ce que vous me demandez,
c’est de savoir si on veut passer un cran supplémentaire et aller tout de suite aux sanctions. J’ai répondu de manière très claire tout à l’heure,
nous dénonçons, nous condamnons, nous accompagnons le processus de médiation régionale,
mais au moment où, pour la première fois depuis des mois, alors que jusqu’alors ces processus avaient été mis en échec par des refus de délivrer des
visas pour permettre par exemple au M23 de bouger, cela a été fait, ils ont pu aller à Luanda.
Il y a un processus qui avance, on a un rendez-vous mardi, je serai intempestif à vous dire “ il faut tout de suite sanctionner „
Donc, je vous l’ai dit, moi, je fais confiance à ce processus parce que je pense qu’on peut se faire plaisir, on peut faire de l’escalade de tribunes ici,
devant vous, mais demain, c’est quoi l’alternative au plan de paix régional ? C’est la guerre.
Est-ce que je souhaite la guerre pour vous ? Non ! Donc je souhaite défendre ce plan de paix régional qui me paraît sérieux,
crédible et qui engage toutes les forces de la région parce que je n’ai pas trouvé de solution plus intelligente et plus crédible.
Et donc, dans ce cadre, je préfère faire confiance avec exigence, dire ce que nous attendons du Rwanda et des autres voisins,
c’est de s’engager et de respecter les rendez-vous qu’ils se donnent sous la supervision des médiateurs
et s’ils ne respectent pas, alors oui, il doit y avoir des sanctions. Je vous le dis très clairement, mais au bon moment et en fonction
du processus qui a été décidé par votre président et ses homologues à Addis-Abeba et qui est sous cette médiation angolaise.
Alors la dernière question et de Madame Méral Christelle de France Télévisions.
Bonjour, Christelle Méral, donc France Télévisions. Cette question s’adresse au Président Français.
Monsieur Macron, après plusieurs jours en Afrique, vous rentrez donc demain matin en France.
Le pays, mardi, pourrait être bloqué en raison de la réforme des retraites. Alors est-ce que vous ne redoutez pas que le blocage s’installe ?
Et puis, si la réforme devait rester très impopulaire, est-ce que vous ne craignez pas que l’on vous reproche de ne pas
être à l’écoute des Français ? Vus comprendrez bien que j’ai déjà fait plusieurs commentaires sur
cette réforme des retraites qui a fait partie de mon engagement présidentiel et je ne vais pas, depuis ici, compte tenu des sujets qu’on
est en train d’évoquer, de la lourdeur de l’actualité, de l’importance stratégique de cette tournée en Afrique,
faire de nouveaux commentaires sur les commentaires, je n’ai pas grand chose de neuf à dire. Donc ce qui m’importe, c’est surtout d’expliquer à nos
compatriotes l’importance, en effet, dans un moment comme le nôtre, de passer quatre jours en Afrique, dans cette région qui est une
région où une partie de notre histoire aussi s’est jouée. On était à Brazzaville hier, qui était la capitale
de la France libre, où il y a une partie de notre passé, mais surtout beaucoup de notre avenir sur le plan climatique,
sur le plan de la biodiversité, culturel, linguistique, mais aussi sécuritaire
et donc je pense que c’est important que le Président de la République française, que les ministres compétents puissent se déployer, y compris dans ces moments-là,
pour porter la voix de la France, agir et tout n’est pas suspendu à une seule chose et tout ne doit pas l’être.
[inaudible] Donc nous continuons à avancer, mais vous avez compris que je ne ferai pas davantage de commentaires sur la vie politique française ici, depuis Kinshasa,
à la fois parce que je n’ai pas grand-chose à dire et ensuite, par respect pour nos amis, compte tenu de ce qu’ils
sont en train de vivre. Je voulais simplement vous dire qu’on est ensemble :
[Discours en dialecte du Congo]
Merci beaucoup, votre Excellence, Monsieur le Président de la RDC, de la France de vous être prêtés à ce jeu de questions-réponses.
Merci à tous. Restez assis s’il vous plaît.